Retour en Egypte, après une semaine française. J'ai espéré voir la pluie en France, et Octobre n'a pas été automnal ! Pire encore : il a plu au Caire pendant mon absence ! Le balcon était recouvert d'une épaisse pellicule de poussière lorsque je regagnais mes pénates orientales. Et, j'appris qu'une pluie terrible s'était abattue sur la capitale. A la sortie de l'aéroport, je reprenais de plein fouet la lourde chaleur et les gaz d'échappements des bagnoles. Une heure d'embouteillage. Des klaxons. Des routes grises sous la lueur orangée des réverbères. Les grands panneaux publicitaires qui se découpaient dans la nuit. On a le temps de regarder le paysage et de cogiter quand on revient... C'est un peu une nouvelle expérience que de retourner dans son nouveau pays. Je me suis demandé pourquoi j'étais parti... Pourquoi avais-je tant envie de quitter la France, Clermont, les volcans et la saucisse ? Pourquoi est-ce que ce sentiment me comprimait le cerveau les jours de déprime ? J'ai tranché dans le vif un soir de Juillet. Sans vraiment imaginer ce qui m'attendait. J'avais pensé, au départ, que c'était l'appel de l'inconnu, la volonté de se jeter dans le nouveau, qui m'avaient poussé à signer au Caire. Je n'en suis plus si certain. Il y a, c'est évident, le refus d'accepter une vie trop ordinaire. Je me dégoutais peu à peu, dans mon carcan clermontois, à visiter des bleds insipides, et à tourner comme une toupie sur un centre de gravité toujours identique. La hantise de manquer quelque chose me vampirisait littéralement l'an dernier. Et ce sentiment s'est estompé depuis que je vis en Egypte. Pas de problème ici, tout est très différent et chaque jour n'est pas un calque du précédent. Alors, vivre vraiment, enfin ? Ce serait accepter que ce que j'ai vécu pendant toutes ces années en Auvergne n'aurait été que pure perte. Parce que, j'ai fait de belles rencontres. Des amis ou des profs, tous ont forgé quelque chose en moi. Partir en Egypte, ce n'est qu'un autre chemin. Une autre voie. Pas plus.
Je ne parviens pas vraiment à expliquer cette pulsion que j'avais en France, et qu'il m'a fallu assumer plus d'une fois en Egypte. Quand j'ai laissé Carole à l'aéroport la première fois, je me suis rendu compte de la portée de ma décision. Seul, au milieu de 20 millions d'habitants, sans parler la langue, ça fout un peu le vertige. Mais, je l'avais décidé. Désormais, ce sentiment est assez diffus. Je regrette que Caco ne soit pas là, pour partager mes expériences. En revanche, je me félicite d'être parti. Alors, bonté, pourquoi ???
Je ne crois pas que l'on sache vraiment pourquoi on décide qu'un beau jour, il faille mettre les voiles, et se tirer vers d'autres horizons. Tout cela était peut-être inscrit dans mes gènes. Parce que mes grands-parents ont foulé le sol du Maghreb. Que mes parents ont eu un fils en Afrique noire... Je savais seulement qu'il fallait partir... Après, après, c'est de la littérature. "Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait", écrivait Nicolas Bouvier...
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3 commentaires:
C'est dingue, t'as mis par écrit ce que je ressens depuis plusieurs années maintenant!!
Je crois que tant qu'on ne fait pas le pas pour vivre à l'étranger on ne peut pas vraiment comprendre ce que tu décris.
Moi j'ai tjs su que je partirai à l'étranger, c'est un sentiment que j'ai tjs convoité sans jamais vraiment comprendre pourquoi il me hantait. Et pis voilà j'ai sauté le pas il y a maintenant 5 ans quand j'ai commencé mon aventure Erasmus... ce qui est sur c'est que je ne regrette rien, j'adore ce sentiment d'être expatriée, et même si notre cher pays me manque un peu parfois, à chaque fois que j'y retourne j'angoisse!! Une chose est certaine: si j'avais pu choisir où je naitrais, ça n'aurait pas été la france...
Intéressante théorie. Ou impression. Car, si vous n'êtiez pas née en France, nul doute que vous auriez eu envie de vous y rendre et, qui sait, d'y vivre. Avec des sentiments identiques quant à l'expatriation, l'angoisse, le choix du lieu de votre naissance, etc.
Ce constant sentiment d'avoir l'impression de rater un événement, de ne pas être là où il se passe quelque chose, j'ai toujours cru que c'était pathologique..Heureuse de voir que je ne suis pas la seule..!!!
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