vendredi 20 juin 2008
Déposer le bilan...
Et voilà... Tout a une fin... Dans une semaine, j'en aurai fini avec mon aventure égyptienne. Je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir bouclé un an, enfin, plutôt onze mois. Je peux revoir si aisément mon arrivée au Caire, la visite de mon appart', les flamboyants rouges d'août, la tronche de mon bawab... Le premier jour à l'école... Tout ce magnifique bordel qui m'a plongé parfois dans des abîmes de réflexions. Ces derniers jours, j'attendais avec une impatience non contenue mon départ. Il me semblait que, puisque tout cela devait s'achever, le retour était impératif et radical, rapide et sans douleur. Et puis, on finit par essayer de retenir quelque peu le temps qui s'écoule. Comme à chaque fois, le Caire est une cité aussi bien détestable que magique. Toute l'année, j'ai eu le sentiment de composer avec cette traîtresse d'égyptienne, qui envoûte aussi bien qu'elle écoeure.
Et puis, et puis, y'a les potes. Tous vont rester. Je suis le seul à partir. Et, j'ai la désagréable sensation de perdre beaucoup en les laissant. Vraiment beaucoup. Qu'aurais-je fait sans eux ? Je vais éviter de sombrer dans le sentimentalisme de Prisunic, mode TF1, mais, merci, merci, merci... J'ai le sentiment d'avoir beaucoup appris. Notamment la patience. Tenez, prenez le François du début d'année scolaire... Il n'a plus rien à voir avec Frona le Cairote. Lorsque l'on me demande de superviser des projets d'élèves l'an prochain, alors que l'on ne renouvelle pas mon contrat, tout en me soutenant que je peux le faire par internet (et bien entendu de façon bénévole - sic), je... souris. Alors qu'en Septembre, encore pétri d'un univers syndicaliste, dans l'élan révolutionnaire bien connu de l'UNEF (je souligne quand même que je n'ai jamais été syndiqué, mais, bon, j'étais fonctionnaire !), j'aurais déclamé de ma voix de stentor, les yeux dans le ciel, cheveux au vent, qu'ils favorisaient considérablement mon transit intestinal, et qu'ils pouvaient, de ce fait, rouler le projet en question de manière conique et se l'introduire dans un orifice pas nécessairement destiné à cet effet...
Qu'ai-je appris encore ? Il me semble que vivre à l'étranger n'est pas nécessairement un lieu de transformations magistrales de sa personnalité. J'en parlais avec Cécéle (alias Séquelles), laquelle était restée pendant 6 mois au Mexique, et qui me faisait remarquer qu'elle n'avait pas été changée en rentrant, qu'elle trouvait qu'elle était restée la même. En y réfléchissant, je me dis qu'elle n'a pas tort. Vivre à l'étranger revient plutôt à rompre le carcan de l'ennui... Et voilà, l'authentique raison du départ... Si l'année m'a semblé être aussi épaisse qu'une décennie, c'est tout simplement du à la densité des événements qui jalonnent une journée "banale". On a tous des dizaines d'anecdotes de voyage, même si le séjour s'est étiré sur une quinzaine de jours. Eh bien, voilà. Ici, on voyage, même en étant résident. Parce que l'on s'est mis en danger...
Un jour, j'ai lu ou entendu - je sais plus - que pour que quelque chose arrive dans sa vie, il suffisait de sortir de chez soi à poil. Et, c'est certain, un événement va se produire. La radicalité du propos porte en lui, pourtant, le germe du voyage : partir c'est provoquer...
Alors, bien sûr, je quitte l'Egypte. J'abandonne des gens qui m'ont énormément marqué : Seb, Cécile, Valéry, Alex, Stéphanie, Nadia, Fatima, Mickaël, Elissar, Roy, Karim, Erica, et tant d'autres... Bien sûr, j'ai mal au bide en me disant qu'il y a peu de chances que la vie m'offre la chance incroyable de revivre avec eux une année si belle. Le destin a provoqué ces rencontres, qu'il en soit ici remercié. Maintenant, je commence une nouvelle aventure à Ankara... Que la Turquie m'offre des joies aussi intenses...
La richesse n'existe pas. Elle n'est que mémorielle.
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