mercredi 16 janvier 2008
Sur la corde raide...
Retour de France, depuis une semaine. Le froid (!) s'est installé sur la capitale égyptienne. Bon, ça reste un froid très relatif. Mais, tôt le matin, les températures doivent monter à 7-8 degrés. La journée tourne autour des 17 - 18. En gros, un mois de Mars français. La nuit, comme l'isolation est un principe totalement abstrait dans l'architecture égyptienne, un vent glacé souffle et s'infiltre entre les murs de l'appart'. Du coup, j'ai enfin essayé la fonction chauffage de la clim'. Je savais pas que ça existait avant de venir au Caire... Et je pensais pas m'en servir un jour. Cependant, quand je vous parle des rigueurs du climat, c'est pas non plus les steppes gelées de la Sibérie septentrionale. Non. Je continue à me vêtir d'une chemise, mais j'enfile le manteau qui me sert seulement l'été et l'automne en France... Donc, on survit.
Lorsque je suis arrivé, j'ai été habité par un curieux sentiment, oscillant entre la nostalgie et un léger bonheur, diffus, presque impalpable. Tout tournait sous mon crâne, à tel point que l'image d'une machine à laver s'est imprimé dans mon esprit. Des quantités de pensées, de souvenirs, se dilataient dans la nuit égyptienne. Dans l'avion qui me ramena, je me retrouvais à côté de Français, un guide du Routard sur les genoux, déjà perdus. J'envisageais le Caire, sans hâte. Je savais ce qui m'attendait. Je négocie mon taxi en Arabe, en hurlant que les tarifs sont bien trop élevés. J'indique les directions au chauffeur pour regagner mon domicile. Bref, j'ai des repères. Un coup de fil à Seb. Les potes sont là. L'épicier aussi, qui me gratifie de son habituel sourire quand je lui décoche une salutation traditionnelle... J'habite en Egypte... Vraiment ? Car, mon retour sur ma terre natale s'est étalé sur 3 semaines. Suffisant pour reprendre les vieilles habitudes et ma vie, codifiée, structurée. Clermont est toujours taillé dans la pierre noire volcanique et je risque pas de me perdre dans les étroites ruelles de la vieille ville. Rien n'a changé. En Egypte, malgré des réflexes, des habitudes, je suis encore sur la corde raide. Je ne parle pas Arabe. La culture, le mode de vie, ne sont pas les miens... Partir revient à se mettre en danger, perpétuellement. J'ai fait éclater un cocon, relativement douillet, afin de voler (de mon propre zèle ?). Mettre la Méditerranée entre Carole et moi, était-ce une erreur ? Un révélateur plutôt. Quand je me baladais dans les rues du Puy ou de Clermont, avec ma chère et tendre pendue à mon bras, je me rendais que ces actes futiles, habituels, devenaient subitement importants. Que le quotidien, ce grand dévorateur de couple, prenait soudainement des teintes dorées. Que mon café sur un comptoir de zinc n'avait pas la même saveur. Alex, philosophe physicien devant l'éternel, m'a dit la semaine dernière que partir permettait d'évoluer. Et, que le but c'était de ne pas habiter quelque part, mais de se sentir chez soi partout. De ne pas avoir peur de l'Autre...
Je crois qu'il a raison. Mais, je suis désormais convaincu que je ne suis parti que dans le but de sentir des frissons me parcourir l'échine... Contempler ma clepsydre s'écouler, et me souvenir, lorsque l'heure sera venue, des étoiles qui brillaient dans une nuit de septembre, allongé dans une felouque, du soleil qui brûle, en Octobre, des pyramides qui se découpent à l'horizon, le matin, et du plaisir si immense que j'avais eu à revoir mes amis, ma famille, ma Carole, un Noël, en France...
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1 commentaire:
Mais c'est que c'est très bien écrit tout ça! Faut oser en plus, et tu devras dire un jour si l'écriture de blog, ça débloque au fur et à mesure les inhibitions de l'écrivain, surtout quand on écrit sur soi...
Bon, au niveau prise de conscience de l'importance, et du luxe immense (eh oui!), des gestes du plus pur quotidien, je peux témoigner que la montagne et l'aventure un peu solitaire, ça marche pas mal... Après la traversée hivernale du Vercors, le froid, l'humidité, la complexité de tous les gestes (se nourrir, boire...), le risque aussi (penser: là, ça passe... ou non... et si je perds...), et bien les deux semaines qui suivent, elles ont un goût particulier.
Et on ne rêve que de repartir. Horizon deux ans: traversée hivernale en autonomie de l'Islande... On y croit!
Bon, t'avais deviné qui c'était pour écrire des conneries pareilles...
Emilie.
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