Je vous écris du coeur de la Turquie. Ici, la vie se déroule paisiblement. Je suis assez stupéfait par le calme de ma vie. Ankara est une cité sage, enroulée dans son écharpe hivernale, et qui donne le sentiment d'être un gros chat qui somnole sur un canapé. Bien sûr, on trouve de l'exotique en fouillant un peu, mais, la ville est mienne. J'ai le sentiment de me balader chez des cousins européens, en réalité. Lorsque je vivais en Egypte, j'étais, par définition, différent de l'autochtone. A cause de mon salaire, et principalement de ma couleur de peau. Impossible d'échapper à sa condition au Caire. Ankara offre un décor dans lequel on se coule sans difficulté. On me parle Turc, immédiatement. Pas d'agréssivité des Taxis. Et, on peut trouver presque tout ce que l'on désire, pour peu qu'on exige pas un Saint-Nectaire (encore que... j'ai dégotté des tranches de Bacon récemment, et on s'est gavé du "Turkish Roquefort", un fromage de brebis qui fermente dans de la peau de chèvre... pas mal du tout !).
Nous avons gagné il y a deux semaines la Cappadoce, et on se retrouve transporté dans une sorte de conte de fées, assez improbable. La maison louée était une villa troglodyte, tout en hauteur, chaque étage ayant une plate-forme à ciel ouvert. Les chambres, sous les voutes, avaient beaucoup de cachets. Et puis, ces paysages de pâtisserie ont un charme incroyable... Ballade dans de la meringue...
Ma fille se porte bien. Elle aura un parrain turc ! Carole, dont le ventre continue à s'arrondir, semble heureuse. C'est bien là ma principale préoccupation. Quant au taf', il est super... Ouais, il est loin le temps de l'Egypte et de sa capitale si stressante.
Je me balade de temps à autre sur Kizilay, le centre d'Ankara, couvert de petits restos, de cafés, et d'échoppes de poissons. De loin en loin, les herboristes exposent de la menthe séchée, et les savons à l'huile d'olive. Ca sent le kebap, et les kumpirs (pomme de terre coupée en deux, remplie de salade). J'aime bien cette ambiance sereine, un peu jazzy... Mais, à nouveau, tout est si simple, que j'en reste interdit. Vivre à Ankara, c'est si facile.
Maintenant, j'attends que la neige vienne camper sur l'Anatolie. Nous irons tester les bains chauds, au sud d'Ankara... Et puis, la semaine prochaine, dernier voyage avant l'arrivée de la petite : quatre jours à Istanbul...
J'ai pas grand chose à raconter ces temps-ci... Bah ouais, j'ai quitté les rivages de l'absurdité. N'empêche, prendre aussi vite des habitudes à l'étranger, ça m'effraie presque un peu. Je suis bêtement heureux. Un bonheur tout simple. Celui de pouvoir vivre, sans contraintes. D'être comme les continents qui dérivent : peinard !
samedi 29 novembre 2008
mercredi 1 octobre 2008
Nouvelles portes...
J'ai enfin posé le pied sur le sol turc. Une nuit fraîche. La ville ressemble à s'y méprendre à une cité européenne. Mais, avec un style communiste dans l'architecture. Pas de poussière, de bagnoles partout, et de ciel grisâtre. Ankara est construit dans une vaste cuvette. Et l'on distingue tout autour des montagnes pelées. L'Anatolie présente un visage singulièrement mélancolique.
Le petit aéroport d'Ankara est calme et dramatiquement silencieux à 20 heures. La poignée de passagers qui avaient partagé le vol au départ d'Istanbul avec moi, récupèrent rapidement leurs effets. Je sors, chargé comme un mulet, et un homme, sosie de Picasso en plus jeune (j'ai pas dit la peinture de Picasso hein...), vient à ma rencontre. Il se nomme Tarek, et je crois pouvoir dire que c'est mon premier ami en Turquie. On gagna son appartement qui domine toute la ville. Et déjà, une longue conversation s'engagea. Surtout à propos du taf. Tarek sait tout, ou pratiquement. Chaleureusement, il me précise le programme du lendemain : trouver un appart, après avoir rendu une rapide visite aux membres du Lycée.Une jeune femme me conduisit à un agent immobilier francophone, Erim, fort sympathique. Après quelques visites, je choisis un bel appart' (notamment un vaste salon donnant sur un jardin), qui accueillera ma fifille - future championne olympique, polytechnicienne et prix nobel de littérature-, et bien entendu les amis (zêtes tous invités !) de passage.
A 14 heures, la jeune femme et moi décidâmes de manger. Je suggérai avec délectation une spécialité turque : ça me changera enfin de la tahina et du fatouch ! Elle me conduisit à un resto nommé "Eskander". Je croyais naïvement que c'était le nom dudit établissement. En réalité, il s'agit un "Kebap", mais cuisiné de façon un peu différente. Spécialité d'Ankara, ce met se présente dans un plat rectangulaire. La viande repose sur du pain, lequel baigne dans de la tomate et de l'huile (enfin, je crois). Alors, c'est bon, mais consistant... Et, ça frôle la surcharge - heureux oephémisme - lorsque un serveur arrive, une poelle à la main, et renverse du geste du semeur auguste, du beurre fondu... Bien. Niveau calorie, je vais tenir tout l'hiver.
Le soir, Tarek m'annonce qu'on va partager un Kebap. Et, me conduit dans un autre Eskander... Alors, cette fois-ci, j'ai décliné le beurre...
Surprise de Tarek : "C'est bien meilleur avec du beurre !"...
Le week-end dernier, je suis gentiment invité chez une de mes collègues. J'ai, dès lors, l'avantage conséquent de pouvoir discuter avec bon nombre d'entre eux. Et de me rendre compte que j'ai décidément de la chance. Après la richesse de mes rencontres égyptiennes, je découvre de nouveaux visages, et de nouvelles personnalités. Et, je retrouve encore l'essentiel, une sorte de connexion, pas indicible, mais discrète, voilée. Pourtant perceptible. Des gens, comme moi, qui aiment leur métier, qui sillonnent la planète, et qui me reçoivent avec sourire.
J'ai été triste de quitter l'Egypte. Parce que tout allait s'évanouir dans l'espace, et ne demeurer que dans le souvenir. Et, j'attendais avec impatience de remonter dans l'avion. A l'inverse de mon premier départ en Egypte, je n'étais pas angoissé ou effrayé. Pas non plus excité. Juste impatient de relancer la fabrique à souvenirs. Et, soudainement, je suis chez moi ailleurs. En une semaine à peine...
Ce week-end, donc, on me fit découvrir une sorte de bar-boîte de nuit, enfumé et vivant. Des posters du Ché, des corps qui dansent sur du rock des sixties. On commande des bières. On danse (mal dans mon cas... Parlons plutôt de gesticulations, ou même de mouvements désordonnés...). Et puis, passèrent les Doors. Et, avec Julien, qui revient de Bulgarie, après avoir vécu en Afrique, et Joao, un franco-portugais, qui m'avait parlé du Brésil et de Djibouti, on ouvrit largement nos bras, chantant ensemble, un peu alcoolisés, certes...
Mais, on peut être si heureux avec de futurs amis...
lundi 25 août 2008
Re-naissance
L'été touche à sa fin. Et la suite promet.
Je débarque à Ankara la semaine prochaine, heureux, un peu inquiet, et plein d'espoirs. Un immense soulagement, celui de ne pas revoir la tronche des dirigeants de l'Oasis de Maadi, s'accompagne cependant d'une peur légère : comment ça va se passer là-bas ? Je me dis que, de toutes façons, entre les joies du tourisme vert au fin fond du Cantal, ou l'épuisante connerie d'irresponsables pédagogiques, le choix turc n'est que le résultat d'une logique mathématique aussi implacable qu'une course de Phelps. Néanmoins, on conviendra que le Caire, c'était chouette, et j'espère d'ailleurs y revenir bientôt, histoire de plier les copains au Poker, humer les nuages de pollution, et revenir à l'Hilton ou au Greek Club, juste par nostalgie.
Toujours est-il que l'année scolaire qui s'ouvre va voir se dérouler un gigantesque bouleversement dans ma vie, une cerise sur les baklavas. Je serai prochainement Papa d'une petite fille. Laquelle naîtra au pays des kebabs. D'ailleurs, je composerai un blog tout spécialement pour l'héritière. Un truc comme "Ankariote cuite", sans doute...
Mon été paisible s'est écoulé, au rythme de questions inhabituelles : suis-je prêt ? Comment on va l'appeler ? Elle va pouvoir accoucher normalement ta femme ? Vous allez vous marier ? Et d'abord, ça sert à quoi un enfant ? En plus, elle est vraiment de moi ? Et pis, c'est une fille, moi je voulais le futur n°10 des Bleus... A quel âge elle pourra faire le ménage ?
Et pourtant...
Ma petite fille me fait déjà chavirer. En gagnant Montpellier, au début de Juillet, elle s'est signalée par de petits appels du pied. Le soir, la main plaquée sur le ventre de Carole, j'ai perçu les premiers signes, ce premier dialogue, si loin, si proche. Elle est là, tout près...
L'année sera belle, brune, avec de grands yeux dans lesquels je me noierai peut-être...
vendredi 20 juin 2008
Déposer le bilan...
Et voilà... Tout a une fin... Dans une semaine, j'en aurai fini avec mon aventure égyptienne. Je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir bouclé un an, enfin, plutôt onze mois. Je peux revoir si aisément mon arrivée au Caire, la visite de mon appart', les flamboyants rouges d'août, la tronche de mon bawab... Le premier jour à l'école... Tout ce magnifique bordel qui m'a plongé parfois dans des abîmes de réflexions. Ces derniers jours, j'attendais avec une impatience non contenue mon départ. Il me semblait que, puisque tout cela devait s'achever, le retour était impératif et radical, rapide et sans douleur. Et puis, on finit par essayer de retenir quelque peu le temps qui s'écoule. Comme à chaque fois, le Caire est une cité aussi bien détestable que magique. Toute l'année, j'ai eu le sentiment de composer avec cette traîtresse d'égyptienne, qui envoûte aussi bien qu'elle écoeure.
Et puis, et puis, y'a les potes. Tous vont rester. Je suis le seul à partir. Et, j'ai la désagréable sensation de perdre beaucoup en les laissant. Vraiment beaucoup. Qu'aurais-je fait sans eux ? Je vais éviter de sombrer dans le sentimentalisme de Prisunic, mode TF1, mais, merci, merci, merci... J'ai le sentiment d'avoir beaucoup appris. Notamment la patience. Tenez, prenez le François du début d'année scolaire... Il n'a plus rien à voir avec Frona le Cairote. Lorsque l'on me demande de superviser des projets d'élèves l'an prochain, alors que l'on ne renouvelle pas mon contrat, tout en me soutenant que je peux le faire par internet (et bien entendu de façon bénévole - sic), je... souris. Alors qu'en Septembre, encore pétri d'un univers syndicaliste, dans l'élan révolutionnaire bien connu de l'UNEF (je souligne quand même que je n'ai jamais été syndiqué, mais, bon, j'étais fonctionnaire !), j'aurais déclamé de ma voix de stentor, les yeux dans le ciel, cheveux au vent, qu'ils favorisaient considérablement mon transit intestinal, et qu'ils pouvaient, de ce fait, rouler le projet en question de manière conique et se l'introduire dans un orifice pas nécessairement destiné à cet effet...
Qu'ai-je appris encore ? Il me semble que vivre à l'étranger n'est pas nécessairement un lieu de transformations magistrales de sa personnalité. J'en parlais avec Cécéle (alias Séquelles), laquelle était restée pendant 6 mois au Mexique, et qui me faisait remarquer qu'elle n'avait pas été changée en rentrant, qu'elle trouvait qu'elle était restée la même. En y réfléchissant, je me dis qu'elle n'a pas tort. Vivre à l'étranger revient plutôt à rompre le carcan de l'ennui... Et voilà, l'authentique raison du départ... Si l'année m'a semblé être aussi épaisse qu'une décennie, c'est tout simplement du à la densité des événements qui jalonnent une journée "banale". On a tous des dizaines d'anecdotes de voyage, même si le séjour s'est étiré sur une quinzaine de jours. Eh bien, voilà. Ici, on voyage, même en étant résident. Parce que l'on s'est mis en danger...
Un jour, j'ai lu ou entendu - je sais plus - que pour que quelque chose arrive dans sa vie, il suffisait de sortir de chez soi à poil. Et, c'est certain, un événement va se produire. La radicalité du propos porte en lui, pourtant, le germe du voyage : partir c'est provoquer...
Alors, bien sûr, je quitte l'Egypte. J'abandonne des gens qui m'ont énormément marqué : Seb, Cécile, Valéry, Alex, Stéphanie, Nadia, Fatima, Mickaël, Elissar, Roy, Karim, Erica, et tant d'autres... Bien sûr, j'ai mal au bide en me disant qu'il y a peu de chances que la vie m'offre la chance incroyable de revivre avec eux une année si belle. Le destin a provoqué ces rencontres, qu'il en soit ici remercié. Maintenant, je commence une nouvelle aventure à Ankara... Que la Turquie m'offre des joies aussi intenses...
La richesse n'existe pas. Elle n'est que mémorielle.
mardi 3 juin 2008
C'est un trou de verdure...
Une question revient parfois, quand je rentre en France... On me demande : "ça te manque pas trop ? Tu aimes vraiment vivre à l'étranger ? C'est pas si mal, la France pourtant"...
Il serait peut-être bon que je rappelle ce qu'était, mon métier, avant l'Egypte. J'étais TZR, c'est-à-dire, Titulaire en Zone de Remplacements. Je sillonnais l'Auvergne, afin d'effectuer de courtes missions un peu partout. Ce qui m'a valu, entre autre, de visiter l'Allier, ainsi que son fondement, dans ce qu'il a de plus... obscur. J'en veux pour preuve un patelin, qui m'a rejeté aux rivages de la dépression, à la frontière départementale du Cher. La "Venise de l'Allier", Vallon en Sully, a éveillé en moi un farouche instinct de départ... Et, quitte à partir, autant que ce soit loin, plutôt que dans le Cantal, ou dans la Creuse (pléonasme !). Je vous livre donc une petite vidéo, trouvée cet après-midi sur le site officiel de ce village niché au coeur de la forêt de Troncet, histoire de bien comprendre pourquoi la France, on l'aime, ou on la quitte, comme disait l'autre...
On clique ici, et on voyage...
Il serait peut-être bon que je rappelle ce qu'était, mon métier, avant l'Egypte. J'étais TZR, c'est-à-dire, Titulaire en Zone de Remplacements. Je sillonnais l'Auvergne, afin d'effectuer de courtes missions un peu partout. Ce qui m'a valu, entre autre, de visiter l'Allier, ainsi que son fondement, dans ce qu'il a de plus... obscur. J'en veux pour preuve un patelin, qui m'a rejeté aux rivages de la dépression, à la frontière départementale du Cher. La "Venise de l'Allier", Vallon en Sully, a éveillé en moi un farouche instinct de départ... Et, quitte à partir, autant que ce soit loin, plutôt que dans le Cantal, ou dans la Creuse (pléonasme !). Je vous livre donc une petite vidéo, trouvée cet après-midi sur le site officiel de ce village niché au coeur de la forêt de Troncet, histoire de bien comprendre pourquoi la France, on l'aime, ou on la quitte, comme disait l'autre...
On clique ici, et on voyage...
samedi 24 mai 2008
Glisser dans la piscine !
Jeudi soir. Le jeudi est un jour important... c'est notre vendredi. Fin de la semaine, cerise enfin décrochée. Bon, en gros, faut décompresser façon solide, genre ça pique et faut qu'ça saigne. J'ai un véritable atout pour aborder ces soirées par rapport à mes chers collègues : j'ai mon jeudi après-midi. Habituellement, je regagne assez vite mes appartements, après avoir englouti un traditionnel plat de pâtes. Et puis, en songeant que d'autres font courageusement face à la fatigue de nos élèves et doivent aller chercher en eux désespérément un fond d'énergie, je m'endors paisiblement. La sieste, rhâââ... Que cette demi-heure est agréable. Après une bonne petite douche, les coups de fil afin de planifier la soirée, j'attends les 20 heures, saute dans un taxi, et la nuit commence.
Jeudi dernier, donc. Une belle soirée, qui se déroula selon un triptyque bien connu, le schéma assez récurent mais qui satisfait globalement : apéro à Zamalek, resto à Mohandesseen, et fin de partie au casino de l'Hilton. Retour à l'appart' quand le carrosse était devenu depuis fort longtemps citrouille. Avant de se coucher, un litre de flotte, en caleçon sur le balcon, histoire de célébrer les souvenirs d'une chiraquie au fort de Brégançon... Bien. Mais, le corps réclame alors de se purifier. Notamment parce que l'atmosphère cairote n'est pas exactement celle que je respirais à Volvic. En même temps, à Volvic, c'est un peu "Into the Wild"...
Le lendemain matin, Cécile - prof d'Arts plastiques, saltimbanque, donc - et mon auguste personne avions décidé d'aller nous baigner. Mais, comme mon aventure égyptienne touche à sa fin, j'avais suggéré d'aller tester une fameuse piscine qui fait face aux pyramides. "Siècle" trouva l'idée bonne (Ah oui, faut expliquer qu'au collège nous devons signer un registre de présence. Or, nos prénoms sont parfois un peu "écorchés". Ainsi, suis-je tantôt "Francé", tantôt "Frona", etc... Mais, celle qui multiplie les coquilles nominatives est Cécile. Elle cumule donc les "Cécéle", "Ciècle", etc... Résultat, nous l'avons affectueusement surnommée "Séquelles". Je sais, on est sans pitié...). Donc, je rejoignais Cécéle au métro de Gizeh, et nous filâmes jusqu'au prestigieux hôtel, le "Mena House". Malheureusement, la piscine était réservée uniquement aux clients de l'établissement. Nous prîmes cependant le temps de boire un jus d'orange en face de Chéops. "Séquelles" entama alors une discussion sur les piscines des grands hôtels, et souligna que lorsqu'elle était à Louxor, elle aurait très bien pu se baigner n'importe où, tout simplement parce qu'on se fondait dans le décor. Et me reprocha de ne pas avoir joué le jeu au Mena House...
Je savais qu'un autre hôtel avait une piscine donnait sur les tombeaux des pharaons. Nous gagnâmes donc l'endroit. Vaste pelouse. Joli bassin. Pyramides. On cherche un responsable. Un jeune homme nous reçoit dans le club de sport, adjacent à la piscine. Anglais peu courant, accent mêlant celui d'un indien de Bombay et d'un berger du Larzac.
- "Vat dou you want tou dou ?"
- "Swim !"
-"Oké... Vat dou you want ?"
- "Nager ?"...
- ...
- "Moumkin swim ?" (Moumkin signifie en arabe : "Est-il possible de"...)
- "Oké, oké. Coume wive mi".
Nous le suivons, un peu étonnés. Il nous ramène à la piscine, et nous montre des petites cabanes, afin que nous nous changions. Malheureusement, les portes sont fermées. Séquelles hoche la tête. Son plan n'a donc pas fonctionné ? Que si ! Le jeune homme revient vers nous en courant, afin de nous ouvrir les cabines. Je demeure interdit. Bon, on paiera à la sortie alors...
Après-midi piscine donc. Alors que nous nagions, on vit une inscription collée contre un des murs de la piscine, signifiant que la piscine était réservée aux clients de l'hôtel. Tant pis. On a rien compris, on nous a rien expliqué, on verra bien...
Sieste fort agréable. Les clients, en majorité d'épaisses italiennes, rouges comme des lasagnes, bronzaient dans cette fin d'après-midi. Lorsque nous décidâmes qu'il était temps de rentrer, nous quittâmes tranquillement l'hôtel. Kécile me sourit, afin d'asseoir sa démonstration : personne ne nous demanda quoi que ce soit...
Bon. J'ai un peu honte. En fait... Non, j'ai même pas honte. Mais, que conclure finalement de cette anecdote : que, par ma couleur de peau, j'ai un passeport dans les hôtels.
C'est drôle. Et surtout triste...
Jeudi dernier, donc. Une belle soirée, qui se déroula selon un triptyque bien connu, le schéma assez récurent mais qui satisfait globalement : apéro à Zamalek, resto à Mohandesseen, et fin de partie au casino de l'Hilton. Retour à l'appart' quand le carrosse était devenu depuis fort longtemps citrouille. Avant de se coucher, un litre de flotte, en caleçon sur le balcon, histoire de célébrer les souvenirs d'une chiraquie au fort de Brégançon... Bien. Mais, le corps réclame alors de se purifier. Notamment parce que l'atmosphère cairote n'est pas exactement celle que je respirais à Volvic. En même temps, à Volvic, c'est un peu "Into the Wild"...
Le lendemain matin, Cécile - prof d'Arts plastiques, saltimbanque, donc - et mon auguste personne avions décidé d'aller nous baigner. Mais, comme mon aventure égyptienne touche à sa fin, j'avais suggéré d'aller tester une fameuse piscine qui fait face aux pyramides. "Siècle" trouva l'idée bonne (Ah oui, faut expliquer qu'au collège nous devons signer un registre de présence. Or, nos prénoms sont parfois un peu "écorchés". Ainsi, suis-je tantôt "Francé", tantôt "Frona", etc... Mais, celle qui multiplie les coquilles nominatives est Cécile. Elle cumule donc les "Cécéle", "Ciècle", etc... Résultat, nous l'avons affectueusement surnommée "Séquelles". Je sais, on est sans pitié...). Donc, je rejoignais Cécéle au métro de Gizeh, et nous filâmes jusqu'au prestigieux hôtel, le "Mena House". Malheureusement, la piscine était réservée uniquement aux clients de l'établissement. Nous prîmes cependant le temps de boire un jus d'orange en face de Chéops. "Séquelles" entama alors une discussion sur les piscines des grands hôtels, et souligna que lorsqu'elle était à Louxor, elle aurait très bien pu se baigner n'importe où, tout simplement parce qu'on se fondait dans le décor. Et me reprocha de ne pas avoir joué le jeu au Mena House...
Je savais qu'un autre hôtel avait une piscine donnait sur les tombeaux des pharaons. Nous gagnâmes donc l'endroit. Vaste pelouse. Joli bassin. Pyramides. On cherche un responsable. Un jeune homme nous reçoit dans le club de sport, adjacent à la piscine. Anglais peu courant, accent mêlant celui d'un indien de Bombay et d'un berger du Larzac.
- "Vat dou you want tou dou ?"
- "Swim !"
-"Oké... Vat dou you want ?"
- "Nager ?"...
- ...
- "Moumkin swim ?" (Moumkin signifie en arabe : "Est-il possible de"...)
- "Oké, oké. Coume wive mi".
Nous le suivons, un peu étonnés. Il nous ramène à la piscine, et nous montre des petites cabanes, afin que nous nous changions. Malheureusement, les portes sont fermées. Séquelles hoche la tête. Son plan n'a donc pas fonctionné ? Que si ! Le jeune homme revient vers nous en courant, afin de nous ouvrir les cabines. Je demeure interdit. Bon, on paiera à la sortie alors...
Après-midi piscine donc. Alors que nous nagions, on vit une inscription collée contre un des murs de la piscine, signifiant que la piscine était réservée aux clients de l'hôtel. Tant pis. On a rien compris, on nous a rien expliqué, on verra bien...
Sieste fort agréable. Les clients, en majorité d'épaisses italiennes, rouges comme des lasagnes, bronzaient dans cette fin d'après-midi. Lorsque nous décidâmes qu'il était temps de rentrer, nous quittâmes tranquillement l'hôtel. Kécile me sourit, afin d'asseoir sa démonstration : personne ne nous demanda quoi que ce soit...
Bon. J'ai un peu honte. En fait... Non, j'ai même pas honte. Mais, que conclure finalement de cette anecdote : que, par ma couleur de peau, j'ai un passeport dans les hôtels.
C'est drôle. Et surtout triste...
jeudi 15 mai 2008
De deux choses l'une, l'autre c'est le soleil...
J'ai pris le large... Je me suis envolé dans une contrée sépia, bordée par les déserts. Je navigue dans cet océan urbain, cahotant dans un enfer de métal et de pierres. Et la poussière, partout, teintant de son pigment de tabac jusqu'aux rétines des visiteurs. J'aime tant cette ville et ses pulsations suraiguës. Les chants des muezzins fendent le ciel épais et se sont enracinés au fond de ma mémoire. Mais, s'il n'y avait qu'une expérience à retenir, un seul souvenir à conserver, ce serait sans doute l'image de deux soleils. Ouais, je reconnais, ça fait un peu météorologue amateur alors que je ne suis même pas le fils naturel de Jacques Kessler...
Simplement, ces deux soleils correspondent à deux moments de ma vie, et se sont gravés très nettement dans ma tête.
Le premier m'est apparu dans le désert à l'ouest du Caire, vers l'oasis de Baharia. Je vous peindrai plus tard les touches anthracites du basalte sur le sable, ou les déhanchements du feu, au rythme des percussions bédouines. Et, sans doute le goût du thé, lorsque vos yeux se plongent dans un profond clair de lune, et que tout, tout est si profondément calme...
Nous traversions en jeep le désert noir, et un immense disque surgit alors des dunes. Le soleil était si énorme que la chaleur me parut soudain secondaire. Entre de hautes roches blanches, le soleil semblait dévorer la terre. On s'arrêta. Le spectacle était simplement prodigieux.
Au cours du mois d'avril, le Caire subit le souffle d'un vent du désert : le Khamsin. En arabe, Khamsin signifie cinquante, comme les cinquante jours pendant lesquels il apparaît. Ce vent n'est qu'un souffle de sable et de poussière, la respiration minérale des solitudes libyennes. Il recouvre alors les murs, les toits et les routes. Et le ciel s'enroule dans des nuages gris. Alors, lorsque ce marchand de sable vous abandonne à la contemplation, le soleil est devenu laiteux. La gamme habituelle des couleurs du monde s'estompe. L'astre est réduit à une simple palpitation blanchâtre.
Le soleil s'est fondu avec la lune, comme disait la chanson...
Simplement, ces deux soleils correspondent à deux moments de ma vie, et se sont gravés très nettement dans ma tête.
Le premier m'est apparu dans le désert à l'ouest du Caire, vers l'oasis de Baharia. Je vous peindrai plus tard les touches anthracites du basalte sur le sable, ou les déhanchements du feu, au rythme des percussions bédouines. Et, sans doute le goût du thé, lorsque vos yeux se plongent dans un profond clair de lune, et que tout, tout est si profondément calme...
Nous traversions en jeep le désert noir, et un immense disque surgit alors des dunes. Le soleil était si énorme que la chaleur me parut soudain secondaire. Entre de hautes roches blanches, le soleil semblait dévorer la terre. On s'arrêta. Le spectacle était simplement prodigieux.
Au cours du mois d'avril, le Caire subit le souffle d'un vent du désert : le Khamsin. En arabe, Khamsin signifie cinquante, comme les cinquante jours pendant lesquels il apparaît. Ce vent n'est qu'un souffle de sable et de poussière, la respiration minérale des solitudes libyennes. Il recouvre alors les murs, les toits et les routes. Et le ciel s'enroule dans des nuages gris. Alors, lorsque ce marchand de sable vous abandonne à la contemplation, le soleil est devenu laiteux. La gamme habituelle des couleurs du monde s'estompe. L'astre est réduit à une simple palpitation blanchâtre.
Le soleil s'est fondu avec la lune, comme disait la chanson...
vendredi 1 février 2008
Repas au collège
Repas au collège
Vidéo envoyée par zuka26
Une fois n'est pas coutume, je décide aujourd'hui de vous mettre une ligne une petite vidéo, de mon cru. Alors, les images proviennent du collège, au moment de la pause de midi. Il faut savoir que l'on se retrouve au labo, en salles de physiques. Et, au moins, ça vous laisse entrevoir l'excellente ambiance qui règne au sein du corps enseignant. Ouais, on est heureux ! (Pardonnez, évidemment, la médiocre qualité de mon travail. Je ferai mieux la prochaine fois...).
vendredi 25 janvier 2008
La pluie fait des claquettes
La pluie s'est longuement écrasée sur le Caire, cette semaine. Moi, qui suis un amoureux de la pluie, j'en suis resté tout retourné. Voir un ciel gris, dont la couleur n'était pas uniquement due à la pollution, m'a fait un bien fou. J'aime particulièrement le rythme mélancolique que prend une ville nettoyée par des hectolitres de flotte. Mais, ici, contrairement aux villes européennes, habituées à gérer les précipitations, le Caire ne sait comment évacuer ces eaux soudaines. Pas de bouches d'égouts. L'eau demeure stagnante, créant de gigantesques flaques, au milieu des rues. Elle tourne rapidement à la boue, se mélant à la poussière qui infeste le Caire.
Au collège, le phénomène climatique a posé un authentique problème. Pas de toit pour couvrir les halls du bahut. Résultat, une large flaque apparut. Et, on la fit disparaître à l'aide d'un... aspirateur ! Ce qui tend à prouver que les Egyptiens ont l'habitude, très clairement, de la pluie.
Et ça va même plus loin que ça. Les chauffeurs de taxi continuent à laisser inexorablement leurs fenêtres ouvertes. Mais, surtout, ils n'ont pas d'essuie-glaces ! Dès lors, l'un de mes chauffeurs opta pour une conduite sûre. On voit rien dans l'habitacle. Pas de soucis ! On va conduire avec la tête dehors, au travers de la fenêtre, sur l'autoroute. Je reconnais avoir eu quelques sueurs froides...
Lorsqu'on se ballade dans mon quartier un jour de pluie, on se rend compte que rien n'est adapté à la situation. Je m'étais fait la réflexion qu'un marchand de parapluies ferait faillite au Caire. C'est si vrai que, malgré la pluie, les Egyptiens demeurent sereins, ne cherchant même pas à se couvrir. Ils ont sans doute raison, tant la pluie est rare... Mieux vaut accepter avec patience et philosophie. En revanche, comme la pluie avait redoublé de violence, je gagnais un café, au milieu des chichas et des verres de thé. Les cafés n'ont, généralement, pas de portes. On s'assoit à l'intérieur d'une salle plus ou moins vaste, qui est grande ouverte sur la rue. Je commandais un thé. On me l'apporta, et je sombrais dans une rêverie toute égyptienne, serrant entre mes mains le "shay", amer et brûlant. La pluie berce. En France comme en Egypte...
mercredi 16 janvier 2008
Sur la corde raide...
Retour de France, depuis une semaine. Le froid (!) s'est installé sur la capitale égyptienne. Bon, ça reste un froid très relatif. Mais, tôt le matin, les températures doivent monter à 7-8 degrés. La journée tourne autour des 17 - 18. En gros, un mois de Mars français. La nuit, comme l'isolation est un principe totalement abstrait dans l'architecture égyptienne, un vent glacé souffle et s'infiltre entre les murs de l'appart'. Du coup, j'ai enfin essayé la fonction chauffage de la clim'. Je savais pas que ça existait avant de venir au Caire... Et je pensais pas m'en servir un jour. Cependant, quand je vous parle des rigueurs du climat, c'est pas non plus les steppes gelées de la Sibérie septentrionale. Non. Je continue à me vêtir d'une chemise, mais j'enfile le manteau qui me sert seulement l'été et l'automne en France... Donc, on survit.
Lorsque je suis arrivé, j'ai été habité par un curieux sentiment, oscillant entre la nostalgie et un léger bonheur, diffus, presque impalpable. Tout tournait sous mon crâne, à tel point que l'image d'une machine à laver s'est imprimé dans mon esprit. Des quantités de pensées, de souvenirs, se dilataient dans la nuit égyptienne. Dans l'avion qui me ramena, je me retrouvais à côté de Français, un guide du Routard sur les genoux, déjà perdus. J'envisageais le Caire, sans hâte. Je savais ce qui m'attendait. Je négocie mon taxi en Arabe, en hurlant que les tarifs sont bien trop élevés. J'indique les directions au chauffeur pour regagner mon domicile. Bref, j'ai des repères. Un coup de fil à Seb. Les potes sont là. L'épicier aussi, qui me gratifie de son habituel sourire quand je lui décoche une salutation traditionnelle... J'habite en Egypte... Vraiment ? Car, mon retour sur ma terre natale s'est étalé sur 3 semaines. Suffisant pour reprendre les vieilles habitudes et ma vie, codifiée, structurée. Clermont est toujours taillé dans la pierre noire volcanique et je risque pas de me perdre dans les étroites ruelles de la vieille ville. Rien n'a changé. En Egypte, malgré des réflexes, des habitudes, je suis encore sur la corde raide. Je ne parle pas Arabe. La culture, le mode de vie, ne sont pas les miens... Partir revient à se mettre en danger, perpétuellement. J'ai fait éclater un cocon, relativement douillet, afin de voler (de mon propre zèle ?). Mettre la Méditerranée entre Carole et moi, était-ce une erreur ? Un révélateur plutôt. Quand je me baladais dans les rues du Puy ou de Clermont, avec ma chère et tendre pendue à mon bras, je me rendais que ces actes futiles, habituels, devenaient subitement importants. Que le quotidien, ce grand dévorateur de couple, prenait soudainement des teintes dorées. Que mon café sur un comptoir de zinc n'avait pas la même saveur. Alex, philosophe physicien devant l'éternel, m'a dit la semaine dernière que partir permettait d'évoluer. Et, que le but c'était de ne pas habiter quelque part, mais de se sentir chez soi partout. De ne pas avoir peur de l'Autre...
Je crois qu'il a raison. Mais, je suis désormais convaincu que je ne suis parti que dans le but de sentir des frissons me parcourir l'échine... Contempler ma clepsydre s'écouler, et me souvenir, lorsque l'heure sera venue, des étoiles qui brillaient dans une nuit de septembre, allongé dans une felouque, du soleil qui brûle, en Octobre, des pyramides qui se découpent à l'horizon, le matin, et du plaisir si immense que j'avais eu à revoir mes amis, ma famille, ma Carole, un Noël, en France...
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