jeudi 13 décembre 2007

Légende égyptienne...

C'est bientôt Noël, et, en cette période de fêtes, il est d'usage de narrer des contes aux enfants sages, devant un feu de cheminée qui crépite. Mais, bon, je suis en Egypte hein, alors, la cheminée c'est plutôt la clim. Et le Père Noël, il doit pas connaître l'endroit. Et pis, de toutes façons, les cairotes, ils portent pas de grosses chaussettes de laine. Non, eux, ils fabriquent des tenues de ninjas à leurs femmes...

Or, donc, pas de conte, mais une légende, une belle légende, que je tiens du prof de physique, Alexandre. Lequel m'a affirmé que les faits étaient authentiques. Au lecteur de trancher.

Il y a longtemps, bien longtemps, de vieux sages, issus de hautes dynasties pharaoniques, annoncérent au peuple médusé à quoi ressemblerait le futur. Mais, pas dans 20 ou 30 années. Non. Des milliers d'années plus tard. Ils annoncérent d'abord que le soleil qui cogne, ça, ça changerait pas. Que les ânes au milieu des rues, ça non plus, ça bougerait pas. Et, que les bawabs, ils sont éternels (ce serait pas ça le plus vieux métier du monde ?). En revanche, les sages expliquèrent que les pyramides, ça allait s'arrêter. Que ça allait se démoder. Qu'on allait préférer les trucs de ferraille de forme phallique. Surtout en Gaule. Chez ces couillons de Lutéciens. Sont fous ces Gaulois. Ils dirent aussi que le travail allait changer de façon incroyable. Surtout en Gaule. Que les conducteurs de chars, mais des grands, avec plein de monde dedans, eh ben, ils voudront plus taffer. Juste faire la gueule toute l'année. Sont fous ces Gaulois, conclurent-ils dans leur infinie sagesse. Le plus vieux et le plus sage de tous, prit alors la parole et dicta d'une voix grave au scribe : "Ne nous éloignons pas du sujet mes frères ! Nous devons annoncer à nos contemporains ce qu'il adviendra du travail en Egypte ! On est payé pour ça ! Qu'avez-vous vu dans vos nuits de transes ? Qu'apercevez-vous dans l'horizon du futur ?". Il y eut de grands discours. Et tous se rendirent compte que leurs visions étaient identiques. Alors, ils gravèrent dans une épaisse plaque de marbre d'étranges signes. La pierre fut alors enterrée au Sud du Caire, et personne n'en entendit plus parler pendant 4000 ans...

A l'automne 2007, alors qu'il errait dans des quartiers Sud cairote, à la recherche d'éléments métalliques pour ses expériences (oui, parce qu'il adore faire les poubelles - et c'est authentique), Alexandre, professeur de Physiques redécouvrit cette pierre. Les signes demeurent un mystère, mais Monsieur le Physicien semble avoir trouvé une solution au problème linguistique. Il a nommé ces étranges caractères les "Hyéroasis". Je vous reproduis ici la photo de cet allumé, me faisant part de sa découverte... Je demeure encore sceptique. Mais, bon, allez savoir avec la sagesse égyptienne...

samedi 8 décembre 2007

Histoires de dindes...


Ca faisait, il est vrai, un moment, que je n'avais pas noirci d'encre virtuelle la toile... Bah, faut m'excuser ! Vous croyez quoi ! J'ai reçu mes géniteurs pendant une semaine, j'ai du boulot par dessus la tête, et puis, bon, depuis que je suis devenu sportif (j'en vois qui rigole au fond !), et ben, j'ai pas une minute à moi. A tel point que j'ai eu droit à une remontée de bretelles de ma chère et tendre, qui considère d'un oeil assez moyen mes fréquentations (et je parle pas que de Seb, pour ceux qui le connaissent - même s'il faut reconnaître qu'il est pas triste le garçon), et mes mémorables sorties...

Et justement, parlons-en des sorties. Le Caire, c'est rempli d'Amerloques (et pas d'amères loques, sauf au boulot...). Or, mon cher coloc Karim, affectueusement surnommé "Indian Companion", par Roy et moi-même (le Norvégien lui a deux surnoms : Shakira - à cause de ses longs cheveux blonds - et "Polar Bear". J'ai, quant à moi, hérité d'un "F... frog" épicé), a débauché une jeune donzelle, assez mignonne, et surtout redoutablement intelligente. Elle a donc déboulé dans l'appart', depuis un mois, et je ne peux vraiment pas m'en plaindre (bah ouais, elle fait la bouffe, elle parle Français, et elle fait la bouffe aussi)... Bref, cette dernière a décidé de fêter Thanks giving, et passa donc plusieurs heures a concocté diverses mixtures, gâteaux, purées, et trouva même une volumineuse dinde qui eut du mal à passer la portière de notre four. On apprend que tous ceux qui viendront, eh ben, ils seront nombreux, et surtout ils vivaient tous de l'autre côté de l'Atlantique. Damned ! Je vais ramer pour piger leurs conversations. Et que ça prononcera pas les "R", et que ça te mettra des "A" partout à la fin des mots (exemple pour le néophyte : "Yeeeeaaah Man, i'm gonna shaw ya something 'eaally cool"). Parfois, je décrypte mieux l' Egyptien que l'Américain, malgré mes progrès dans la langue de Chexpire. Le soir prévu, je massacre paisiblement Roy au squash, puis nous gagnons le Pub de l'Hilton, histoire de faire l'apéro. Shakira regarde sa montre : on est - comme d'hab' - à la bourre. Dans l'immeuble, en face des ascenceurs, une pulpeuse jeune femme apparaît, et nous interpelle. Elle nous demande si on est invité pour Thanks Giving. On lui répond qu'il y a quelques probabilités qu'on participe à l'orgie... Grand sourire de la minette, albanaise de son état, qui trouve le moyen de nous dire qu'elle sait que les colocs sont gentils, et même qu'ils sont norvégiens et français. "Really ?", répondis-je, en essayant de masquer tant bien que mal mon accent.

Bref, lorsqu'on déboule, l'appart' ressemble plus à une rave party. Des Américains tout partout, mais quelques intrus se sont glissés parmi l'auguste assemblée. Je rencontre un Anglais, et deux Irlandais, déjà bien éméchés. On s'installe, les présentations commencent, entrecoupées d'assiettes tendus vers la purée ou la dinde. Quelques sympathiques New-yorkaises m'assurent que mon accent est "soooo sexy". En gros, la soirée est cool. Les Irlandais brandissent alors un Whisky, pure tradition. On poursuit la soirée sur le balcon, évoquant les différences culturelles, et le sempiternel "Why did you come in Egypt ?". Je finis par m'éteindre progressivement. Et, vers minuit, je décide d'aller me faire une petite sieste d'une demi-heure, histoire de pouvoir suivre le groupe au Mojito, un bar au sommet de l'Hilton, à ciel ouvert, qui domine la capitale. Je me réveille le lendemain matin, les cheveux en pétard, avec l'haleine d'un fénec amateur de purée d'ail. Je constate avec amertume que j'ai conservé mon jean et une chaussette. J'appris après coup que mes colocs avaient considéré que je n'étais pas en état de faire quoique ce soit à une heure du mat', tant je ronflais grassement. J'ai même pas eu le temps de saluer, de mon accent si sexy, la pulpeuse albanaise... Arffff...

Mais, mes expériences avec l'oncle Sam ne sont pas terminées. Pour bien comprendre, revenons au mois d'aout. Karim et moi cherchions un coloc, afin de compléter l'appart'. Plusieurs annonces sur internet, et plus de 50 candidatures, tout de même. Dans le lot, je rencontre un Allemand, Philip, garçon sympathique, qui ne restait que deux mois, et que j'éconduis donc poliment pour ce motif (on cherchait quelqu'un pour l'année). Néanmoins, nous partageâmes plusieurs soirées. Et ce dernier finit par dégoter une colocation à Zamalek. Et m'apprend qu'il vit avec trois américaines, célibataires de surcroît. Incroyab', me dis-je ! Faudrait aller voir. Ce que je m'empresse de faire, un soir de septembre, flanqué de l'Allemand. Et je dois dire que je n'allais pas être déçu. Le long couloir qui mène au salon permet d'apercevoir les deux gros canapés, et surtout les créatures allongées avec nonchalance dessus. Un tableau de Botero ! Les trois grasses, si vous préférez. Dans le lot, une moins enrobée que les autres, Kristen, m'offre un grand sourire et fait preuve d'une réelle sympathie. Mangeant des biscuits d'une main, et les yeux rivés sur son écran d'ordinateur, une bien enveloppée, April, secoue sa tête et prononce un "Hi" neutre. Enfin, une attraction de fête foraine, façon baronne de Thunder-ten-tronk", agite ses mains grassouillettes. Son prénom a malheureusement été effacé de ma mémoire, dès qu'elle m'a affirmé que je ressemblais beaucoup à son frère. Je passais une demi-heure avec le groupe et décidai d'abandonner mes nouvelles conséquentes amies.

Cette semaine, je reçois un coup de fil de Kristen, me demandant de participer à une "Christmas party". Je finis par céder, malgré quelques hésitations, tant du point de vue de mon travail que de mes appréhensions sur le déluge de boustifaille auquel je risquais d'assister. Arrivée ce mercredi soir vers 20 heures, chez Botéro. Appart' plein comme un oeuf. Et tout pareil, tout plein de Ricains qui papotent, au milieu de sushis (de circonstance pour Noël), et de "Rice pudding", franchement écoeurant. Je me lie d'amitié avec un Japonais. Nous parlons de Paris, de Tokyo et du Caire. Le temps me semble un peu long, et je demeure horrifié par la quantité industrielle de bouffe, avalée par mes hôtes. Néanmoins, une Française qui était aussi de la soirée a rapatrié une bouteille de Médoc, que je prends d'assaut. A ce propos, ça vous est sans doute déjà arrivé, mais c'est toujours cruel : l'impossibilité totale de réussir à se nouer d'amitié avec quelqu'un. Il arrive parfois que deux personnes se rencontrent, mais qu'elles n'aient rien à se dire. Non pas qu'elles se détestent. Non, juste rien en commun. Comme un rond dans un carré. Ben, avec la Française, c'est ce qui m'est arrivé. On ouvre le rouge, et, s'en suivent quelques banalités d'usage. Et puis rien. On se balance un peu sur ses jambes, on jette un regard sur l'assemblée. On coupe les longs silences par des "Ouais ouais ouais". Je sens que la fille voudrait mettre fin au supplice. Elle hausse les sourcils, me faisant un sourire contraint. Je souris, et redis pour la seconde fois que je suis content de boire un peu de vin. Voilà voilà voilà.

La soirée s'acheva vers minuit, chacun regagnant calmement ses pénates, un paquet de pudding sous le bras. Pudding que j'abandonnais au bawab, lorsque Roy et Karim refusèrent catégoriquement l'étrange plat brun-noir, trônant dans le frigo.

Bon, les américains, sont gentils quand même. Ils m'invitent au moins à bouffer. C'est déjà pas si mal.