samedi 29 septembre 2007
Des châteaux en Espagne...
Ce qu'il y a de bien, quand on vit à l'étranger, c'est que la moindre expérience peut parfois prendre des allures d'aventures merveilleuses. Et même mieux, au moment où on la vit, on enjolive déjà le présent. Je vais pas faire un (énième) cours de littérature, mais, franchement, on stylise tant qu'on peut. Tout simplement, parce que l'on sait que l'on se fabrique les souvenirs d'une vie. Résultat, tout est plus épicé, plus fort ou juste plus beau. Ce qui était anodin dans les rues clermontoises, prend des teintes dorées au soleil d'Egypte. On ne dort plus, on rêve. Et dès lors, on bouffe nos vies avec des sourires amusés. Hier, - et c'est déjà hier -, j'ai rejoint des amis sur une felouque, afin que l'on célèbre un anniversaire commun. Deux heures à dériver peinardos, à manger des sandwichs ou à savourer le gazpacho d'un ami espagnol, la tête dans les étoiles, glissant sur le fleuve dans une allure de sénateur. Bref, fin de la ballade, il est 1 heure du matin. Et là, je reçois le coup de fil de l'un de mes colocs (je vais en parler dans pas longtemps des colocs, vous zinquiétez pas), lequel me dit qu'il y a un appart à Zamalek qui fait une opération porte ouverte. "Pink party", précisément. Mais, comme il n'est pas question que je me couvre de rose et de ridicule, je préfère y aller ainsi. Un taxi, deux ponts à traverser, l'île de Zamalek. Zamalek, c'est vraiment l'île des riches par excellence. On croise avant tout la jeunesse dorée égyptienne, et puis, bien sûr, la jeunesse expatriée. Dont je fais parti, malgré tout. C'est au cinquième étage. Je suis flanqué de plusieurs amis, et notamment de deux jolies jeunes filles - libanaise et algérienne-, qui devraient largement suffir à nous ouvrir n'importe quelle porte. Nous y voilà : un appart' complétement enfumé, des canettes de bière à l'abandon, et pas mal de monde. "That's insane here !..." Karim, mon coloc canadien m'a aperçu. Il est sur l'un des balcons et discute avec la gente féminine locale. De l'autre côté du balcon, il y a Roy, coloc norvégien, jetant sur l'ensemble de l'appart son habituel regard amusé et distant. J'adorerais pouvoir poser sur certaines scènes ce même genre de regard (notamment les copies de nos chères têtes brunes !). Bref, nous voilà sur le balcon à échanger avec des jeun's de toutes nationalités. Je croise pas mal de monde que je connais déjà : Zamalek, c'est finalement tout petit.
J'ai eu, ce soir, le sentiment d'un tourbillon sans fin, dans les lumières des rues, à croiser le Nil de part et d'autre, à bord des taxis, sur les felouques, ou juste à pied, dans les rues défoncées. Ca sent le cumin et le poivre, les ordures et les gaz d'échappement, les chats sales et la viande chaude. Ca bouge, ça vibre, et ça gueule. Ca klaxonne et ça rigole. Ca me balance de temps à autre des "Welcome in Egypt", qui rebondissent contre le bitume de la route. On entend les lourdes stances du Coran, et tout ça vous traverse le corps et s'inscrit en grand dans la mémoire. Je sais ce que je vis. Je sais que j'ai de la chance. Et je me demande parfois si je vais revenir vivre en France...
Hier après-midi, en rentrant des courses, Karim et moi, avons décidé de passer chez un pâtissier excellent, mais pas très bon marché. Bref, nous voilà avec une boîte de dattes, d'amandes, et de petits gâteaux... Retour à l'appart'. Roy nous aide à ranger. Suggestion : on regarde un film ? Ouais quoi ? Je propose l'Auberge espagnole...
A chaque fois que j'ai vu ce film, au lieu de finir avec le sourire, j'avais dans un coin de ma tête une sorte de tristesse, un vague à l'âme qui m'encombrait l'esprit pendant une semaine, surtout quand j'allais dans des bleds comme Châtelguyon pour taffer. Et, cette fois-ci, j'ai vu le film, entouré de deux types qui ne sont même pas de mon pays, avec des pâtisseries égyptiennes à portée de main, dans mon appartement au Caire, à DOkki...
J'ai enfin construit mon château en Espagne...
jeudi 27 septembre 2007
Le trajet le matin...
Je crois qu'il me faudrait sans doute plusieurs articles pour expliquer ce qu'est réellement le collège de Maadi. Mais, on peut commencer par décrire l'endroit et mon trajet matinal. "L'Oasis" se trouve dans une zone au Sud du Caire. D'ailleurs, on est même plus au Caire quand on y va. Mon seul plaisir est que le matin, lorsque je pars taffer, je traverse intégralement la capitale égyptienne. Je pars de Dokki, et je traverse une première fois le Nil, afin de rentrer dans Down Town. A ma gauche, on aperçoit les tours de l'Hilton, et, à ma droite, on aperçoit l'Intercontinental. Sur la rive, des felouques se laissent dériver nonchalemment dans le soleil matinal. C'est un peu ça Le Caire, un mélange de modernité et d'archaïsme, tant dans les sphères sociales, économiques ou religieuses, bien sûr. Mais, j'aurais sans doute l'occasion d'en reparler. Donc, après avoir traversé le pont, je prends sur la droite, afin de longer la corniche. Regardez la photo, je prends cette route tous les matins ! Ca change des Combrailles isnt'it ? Le truc sympa, c'est de voir le Palais Manial, même furtivement. Bref, on poursuit la route jusqu'à arriver dans la zone résidentielle de Maadi. Mais, juste avant, complètement à l'Est, apparaît Gizeh... Et, au loin, se découpent deux pyramides. Eh oui les copains ! Je les vois aussi tous les matins... Et je ne me lasse définitivement pas de ce spectacle. En revanche, la traversée de Maadi, cette zone des expats totalement aseptisée, me déprime déjà un peu. Cela ne ressemble que si peu à mon quartier, et au Caire, en réalité ! Mais, le pompon, c'est bien Zaarat El Maadi. On sort de Maadi, devant une gigantesque antenne. Et là, il y a une sorte de ligne droite, bordée de HLM, tous sans aucun cachet. On progresse, et rapidement, il n'y a... rien. Enfin si, du sable et des constructions partout. Des grues, des camions, des pierres, dans une dominante grisâtre. Et, tout au bout de ce no man's land, on arrive dans mon bahut, qui n'a toujours pas de toit (ben oui, pas de taxes tant que le batiment n'est pas entiérement édifié !). C'est un grand bâtiment bleu ciel entourés de constructions inachevées. Le tout dans une poussière effrayante. Et le soleil qui cogne... Welcome in Egypt !
Justification...
J'ai toujours considéré les blogs comme l'épanchement narcissique d'adolescents en manque de reconnaissance. Cette volonté, parfois un peu malsaine, d'exhiber ses passions aussi bien que ses points noirs, sentait l'âcre odeur des vies anodines, lesquelles jouent à Bovary. Rêve de rêve quoi ! Et que je te parle de mes problèmes de coeur de bimbos... Et que je te montre que j'aime faire de la mobylette, ou que j'ai bu des bières l'autre jour, et qu'on a vomi dans les poubelles... Bref, autant dire qu'il vallait mieux regarder le jour du Seigneur, ou même la chance aux chansons, plutôt que de se cogner les mièvreries qui pullulent désormais sur la toile.
Et voilà qu'aujourd'hui, moi, le râleur impénitent, je décide de perdre du temps en écriture virtuelle... Alors, tentons, comme il est convenu de le faire, de justifier (je passe mon temps à le dire aux gamins) ce choix soudain et paradoxal. Tout d'abord, ça va me forcer à écrire un peu tous les jours. Je tiens globalement un journal de bord, mais, il faut reconnaître que le blog me forcera à rédiger plus souvent des articles. Et puis, surtout, il pourra me permettre de vous faire partager mes expériences...
Parce qu'il faut bien le reconnaître, même si je ne veux pas véritablement l'admettre, la France me manque parfois. En réalité, c'est plutôt les repères qui sont attirants. Il était si facile de passer des heures à jouer aux échecs à la Perdrix, ou juste boire un petit café à la Brasserie, en lisant peinardement l'Equipe... Mais voilà, ici, l'aligot ça court pas les rues...
Bref, laissez des messages (plutôt de soutien, on fera une boîte à l'entrée pour les réclamations...), et viendez en Egypte, je vous y attends tous avec une grande impatience... En attendant, voici la mise en bouche !
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